Eleven For Ten – Jazz Day 2021
Jacques Prouvost
Publié le 2-05-2021 – Jazzques
On aurait bien aimé fêter la dixième édition de l’International Jazz Day dans les rues, dans des clubs et des salles remplies à ras bord. On aurait bien aimé.
On aurait bien aimé fêter le onzième anniversaire de Jazz4You – qui n’avait pas pu marquer le coup l’année dernière, déjà – avec plein d’amis et plein d’amies. On aurait bien aimé.
Pour rappel, Jazz4You a pour objectif de promouvoir les jeunes jazzmen, belges ou étrangers, en organisant régulièrement des concerts. Cette année – et pour fêter les 10 ans quand même – ceux-ci ont eu lieu en streaming.
Et c’est donc en streaming aussi que, ce vendredi 30 avril pour le Jazz Day, l’infatigable Lydia Reichenberg et son équipe ont présenté un concert exceptionnel réunissant une bonne douzaine de musiciens confirmés.
Rendez-vous au Centre Culturel De Uccle pour une poignée de journalistes en guise de public. Dans le respect hyper strict des règles sanitaires (aération, masques, gel, distanciation). C’est comme ça. Et tout le monde joue le jeu.
Et les artistes aussi jouent le jeu. En direct. Sans aucun temps mort et avec une évidente jubilation de partager la scène. Chaque musicien a amené des compos personnelles ou des arrangements de standards… ou autres.
Tout cela est « orchestré » par le pianiste Jeremy Dumont qui a eu la bonne idée de mélanger les musiciens, de redistribuer les rôles, de faire des combos originaux. Ainsi, ce ne sont pas nécessairement les auteurs qui jouent leurs morceaux. Et c’est malin car cela donne de nouvelles idées, de nouvelles couleurs et offre une belle dynamique et de belles surprises.
C’est d’abord Mayan Smith (ts), Dorian Dumont (p), Armando Luongo (dm), Lior Tzemach (eg) et Federico Pecoraro (eb) qui reprennent une version mystérieuse de « Costa » de Robert Wyatt. Puis, « Les Doms » de Jean-Paul Estiévenart est revu avec beaucoup de sensibilité par Igor Gehenot (p), Victor Foulon (cb), Vincent Thekal (as), Noam Israeli (dm), Mayan Smith et Jean-Paul Estiévenart lui-même à la trompette. Ce dernier se fera d’ailleurs discret pour laisser surtout la place aux improvisations très inspirées des saxophonistes ainsi qu’au lyrisme fougueux du pianiste.
Et on continue à faire tourner l’équipe sur un chaloupé et ondulant « Tears of Yuma » de Victor Foulon, puis sur un « Rainy Sunday » de Lior Tzemach qui se déploie à la manière d’un big band (avec de superbes interventions du guitariste).
Mais c’est une relecture fabuleuse de « Mysterioso » de Monk qui scotche tout le monde (il suffit de voir les « pouces levés » sur le live Facebook à cet instant). L’arrangement de Vincent Thékal est gonflé et l’interprétation est à la hauteur. Thelonious aurait approuvé ! Le jazz se réinvente décidément tout le temps.
Pour fêter ça, Armando Luongo offre sa composition très groovy (« The Cats Are Around ») à deux batteurs (Fabio Zamagni et Noam Israeli) qui vont s’amuser dans une battle extraordinaire. Quant à Gehenot (au Fender), Estiévenart, Thékal, Pecoraro et Tzemach, ils s’en donnent à cœur joie. Haaa que ça fait du bien !
Alors on varie encore les plaisirs et on se calme un peu avec un traditionnel « Shnei Shoshanim », puis avec « Cursiv » d’Igor Gehenot (sans Igor Gehenot mais avec des interventions claquantes d’Estiévenart).
Surprise ensuite avec une revisite éblouissante, brûlante et excitante de « A Journey To Reedham » de Squarepusher (hé oui !!). Idéal pour lancer un dernier « Nite Sprite » de Chick Corea plus funky et explosif que jamais avec tous les musiciens réunis sur scène.
Pendant une heure et demie, on a tout oublié de cette pandémie. On était ailleurs. On était sur la planète jazz…
Tout cela nous a bien donné envie de nous retrouver l’année prochaine, pour fêter le onzième International Jazz Day tous ensemble. Sans contraintes et sans restrictions ! Car, pour l’instant il faut déjà rentrer, avant le couvre-feu. Pas question de papoter avec les musiciens…
Merci encore à Jazz4You d’avoir organisé tout cela, d’avoir tenu bon et d’avoir fait respecter les consignes avec bon sens et élégance.
Le jazz est vivant: il était au Centre culturel d’Uccle
Dominique Simonet
Publié le 01-05-21 – La Libre
Fêter quelque anniversaire que ce soit en temps de confinement, ça n’est pas une sinécure. Mais avec un peu d’imagination, il y a moyen de moyenner, comme le démontre « Eleven for Ten », la très belle création jazz au Centre culturel d’Uccle vendredi soir.
Le 30 avril est célébrée la Journée internationale du Jazz, sous l’égide de l’Unesco, et ce depuis dix ans. L’an dernier, c’est l’association Jazz4you qui, ce jour-là, voulait fêter sa première décennie par un grand concert sur la jolie place Saint-Job. « Pas de chance, on a dû tout annuler, mais j’ai gardé l’idée de ce groupe », explique Lydia Reichenberg, directrice de l’Asbl.
Onze ans de l’asbl, dix ans de Journée internationale du jazz, « Eleven for Ten » est né sous la forme d’un groupe à géométrie variable rassemblant plus d’une dizaine de musiciens ayant été soutenus par Jazz4you. « Tant qu’à faire du streaming, j’ai demandé au Centre culturel d’Uccle de nous ouvrir ses portes, et ils étaient contents puisqu’il ne s’y passe rien non plus. » Portes qui se sont ouvertes grâce à Tristan Bourbouze, un directeur enthousiasmé par le projet.
Auberge espagnole
Le principe est simple : « Chacun amène un morceau et fait ce qu’il veut, avec la formation et les instruments qu’il veut », explique le saxophoniste Vincent Thékal. Au sein du projet « Eleven for Ten », ils sont douze : Jérémy Dumont, Dorian Dumont, Igor Gehenot : piano & claviers ; Vincent Thékal, Maayan Smith : saxophones ; Jean-Paul Estiévenart : trompette ; Lior Tzemach : guitare ; Federico Pecoraro, Victor Foulon : basse et contrebasse ; Armando Luongo, Fabio Zamagni, Noam Israeli : batterie et percussions.
Dans la pratique, cinq musiciens entrent en scène, sous l’impulsion du saxophoniste ténor Maayan Smith, avec la ferme intention de raviver « Costa », composition de l’ex-Soft Machine Robert Wyatt et de sa femme Alfreda Benge. Ce quintette devient un sextette pour l’arrangement que Jean-Paul Estiévenart a fait de sa composition « Les Doms ». Plein de verve et d’agilité, Vincent Thékal s’illustre au sax alto, dont il sort un très beau son fluide. Le pianiste Igor Gehenot quitte la scène, d’autres musiciens débarquent, cela donne un septette original, puisque sans piano : sur sa composition « Tears of Yuma », le contrebassiste Victor Foulon se fend d’un solo sautillant et très chantant.
Une bande de chefs
Voilà, c’est le principe. Dans la salle, à part quelques professionnels de la profession – presse, festivals -, le public est remplacé par l’infrastructure de captation et d’enregistrement vidéo. Les musiciens ont pu répéter lundi et mardi la semaine dernière. Deux jours, même pour des pros, ce n’est pas évident, d’autant que les formations changent à chaque fois. Circulation d’énergie, interactions, mise en place : tout se positionne, s’emboîte à merveille. « On ne s’est pas concertés en disant toi tu fais une ballade, toi un funk, toi un bebop, et voilà… » explique Vincent Thékal. « On se connaît tous depuis le début de l’association et, depuis, chacun a évolué dans sa propre direction. Entre-temps, on est tous devenus leaders. Ici, on se retrouve autour de ce projet, et ça marche : très bon esprit, pas de querelle d’ego, tout est orienté musique. »
C’est l’arrangement qu’a fait le saxophoniste de « Mysterioso » qui lance vraiment la soirée. L’esprit de Thelonious Monk est bien là, au sein de ce nouveau septette, et ça commence à chauffer, notamment avec un Thékal qui a la niaque, au sax ténor cette fois. On passe ensuite par les climats les plus divers : groove avec « The cats are around » du batteur Armando Luongo, retenu avec l’arrangement, par le batteur Noam Israeli, de la vieille chanson traditionnelle « Shnei Shoshanim », bop selon « Cursiv » d’Igor Gehenot, funk avec « A journey to Reedham » de Thomas « Squarepusher » Jenkinson, et enfin explosion jazz fusion avec le très rythmé « Nite Sprite » du regretté Chick Corea. Ça, en festival, ça fait voler le chapiteau !
Le retour de l’analogique
À certains moments, trois pianistes, deux batteurs et deux bassistes sur scène, ça en jette ! Ou encore quand Jérémy Dumont, pianiste et directeur artistique du projet, se démène sur un petit Korg Minilogue, tandis qu’Igor Gehenot s’en prend à un Moog Little Phatty, signant le double retour flamboyant des synthés analogiques et polyphoniques !
Lancé il y a un mois, ce projet fait finalement office de « laboratoire » comme le résume Vincent Thékal : « J’ai pu expérimenter « Mysterioso » au-delà du trio. Tout le monde a essayé des trucs, et ça s’est très bien passé. » Ce concert y est allé crescendo, sur un rythme soutenu, intelligent sans prise de tête, plaisant dès la première écoute. Calibré festival. Mélange de personnalités, d’approches, de styles, l’expérience « Eleven for Ten » est une réussite, et ne demande qu’à avoir une suite.
International Jazz Day 2021 & Jazz4you, 30 april 2021
Georges Tonla-Briquet
Publié le 2-05-2021 – Jazz Halo
Jazzrumble in CC Ukkel
Streamingconcerten à gogo over gans de wereld voor de tiende verjaardag van de International Jazz Day. Sommige zelfs rechtstreeks live zoals dat van het Ukkelse platform Jazz4you. Het was tevens de elfde verjaardag van deze organisatie die van meet af aan jonge jazzmuzikanten de nodige kansen aanbood.
Toen de initiatiefnemers in 2011 de International Jazz Day op de kalender plaatsten, zullen ze nooit gedacht hebben dat tien jaar later (zowat) alle festiviteiten digitaal zouden verlopen. Opnieuw trouwens na eenzelfde scenario vorig jaar. Maar de jazzcommune is vindingrijk en improviseert graag. Positieve vibes haalden het van negatieve houdingen waardoor er heel wat jazz te beleven viel, via internetkanalen maar ook live zoals in het Cultureel Centrum van Ukkel. Onnodig te zeggen dat in de huidige omstandigheden een grote publieksopkomst uit den boze was. Slechts een tiental (pers)genodigden in een zaal met een capaciteit van achthonderd is een surrealistisch gegeven. Enthousiasme en energie echter overvloedig dankzij twaalf muzikanten die voor een uitermate gedreven concert zorgden.
© Giorgio Kavadias
Geen vaste groep voor de gelegenheid maar een collectief waarvan de leden van in het begin de steun kregen van Jazz4you. Onder hen onder meer Jean-Paul Estiévenart, Igor Gehenot, Vincent Thekal en Jérémy Dumont die het geheel ook vlot aan elkaar praatte en de taak van artistiek coördinator met verve vervulde. Bij elk nummer wisselde de bezetting wat continu tot verrassende combinaties leidde. Daarbij pendelden de toetsenisten voortdurend tussen akoestische en elektrische piano. Voor ‘The Cats Are Around’ (van Armando Luongo) namen zelfs twee drummers plaats op het podium. Onnodig te zeggen dat het hek hier helemaal van de dam was.
Knap was dat voor elk nummer een totaal nieuw arrangement geschreven werd door een van hen. Daarbij gingen ze niet voor de meest evidente keuzes. Op de playlist stonden enkele eigen composities maar tevens werk van zowel Chick Corea en Thelonious Monk als Squarepusher (met de nadruk volledig op jazz en niet de electrobeats!) en Robert Wyatt. Een eclectisch programma dat over heel de lijn spannende momenten opleverde. Kortom, een heuse jazzrumble.We deden al een aantal pogingen om te genieten van streamingconcerten maar jazz live meemaken blijft de ultieme kick. Dat werd hier grandioos bevestigd. Volgende keer hopelijk opnieuw met een volle zaal en een bar waar je kan blijven napraten en nagenieten met vrienden en muzikanten.
Musici :
Jérémy Dumont, Dorian Dumont, Igor Gehenot : piano, toetsen
Vincent Thékal, Maayan Smith: saxofoons
Jean-Paul Estiévenart : trompet
Lior Tzemach: gitaar
Federico Pecoraro, Victor Foulon : bas, contrabas
Armando Luongo, Fabio Zamagni, Noam Israeli : drums
Setlist :
1. Costa – Robert Wyatt – arr. Maayan Smith
2. Les Doms – Jean-Paul Estiévenart
3. Tears of Yuma – Victor Foulon
4. On A Rainy Sunday – Lior Tzemach
5. Mysterioso – Thelonious Monk – arr. Vincent Thekal
6. The Cats Are Around – Armando Luongo
7. Shnei Shoshanim – arr. Noam Israeli
8. Cursiv – Igor Gehenot
9. A Journey To Reedham – Squarepusher
10. Nite Sprite – Chick Corea
Te herbekijken via YouTube Jazz4you-TV en Facebook Jazz4you-live.
www.jazz4you.be